Les accros du poker

Publié le par Alexandra Chanjou




CASINO.
Quelques mois après leur ouverture, les tables de Texas Hold'em poker sont assaillies de joueurs fascinés. Ambiance un samedi, tard dans la nuit.


« Le tournant ! La rivière ! Check ! Check ! Vos cartes messieurs ! » De 22 h à 4 h, c'est la même rengaine, pour les mêmes personnes. Des habitués parisiens, rouennais, dieppois. Il y a le petit minet de 18 ans, T-shirt bleu, cheveux en pétard malaxés par des mains stressées. Ses petits yeux hagards font penser à ceux d'un ado incapable de décrocher de son jeu vidéo favori. Près de lui, deux hommes d'âge mûr aux cheveux blancs. Des amis. L'un des deux boit sans cesse de l'eau minérale et détend une jambe engourdie tous les quarts d'heure. Dix numéros, dix personnes qui ont l'air de s'être découvertes au fil des cartes. L'ambiance est bon enfant. Attrapé par le jeu, bercé par le doux cliquetis des jetons qui s'entrechoquent, les heures passent comme des minutes. A regarder, c'est prenant, alors à jouer...

« Plus tard ! Je suis à + 70 € là ! »

Un habitué d'une quarantaine d'années se lève pour partir... et se rassoit aussi sec après la distribution du croupier : 
« Ça va vite, la chance ! ça change vite ! » Dans le pot, 500 € lui font de l'oeil. « Passe ! Passe ! Suivi ! » Le regard du croupier s'arrête avec insistance sur notre gamin, qui hésite longtemps, joue et perd. « Rien ne va plus ! », entend-t-on au loin. Ses potes l'attendent pour une soirée. « Plus tard ! Je suis à + 70 € là ! », s'agace-t-il.
Certains joueurs, sitôt partis de la table, reviennent en observateurs. Accros. Un jeune homme 
« dreadlocké » glisse les mains sur son visage. Trop fatigué, il laisse sa place à un anxieux au machouillement de chewing-gum frénétique et aux pieds qui remuent. Les jetons bleus, blancs, rouges... sont triés à la vitesse de l'éclair, empilés par des maestros de l'équilibre, et glissent dans les fentes du tapis vert. Celle des pourboires ou celle de la cagnotte que se partagent le casino et l'Etat. Soit 4 % des gains. « Oh ! C'est toi qui a le 5, je croyais que c'étais lui ! », s'étonne l'homme à la jambe fragile. « Fais pas cette tête-là ! C'est le jeu ma pauv' Lucette ! », se moque gentiment son ami. « Ouais, mais j'aime pas perdre ! »


Le tournoi de Dieppe
Le tournoi de Texas Hold'em poker no limit qui devait avoir lieu à Dieppe tous les mardis et jeudis du 27 novembre au 19 juin est mort-né... faute d'inscrits. Pourtant les tables de poker dieppoises ont du succès.
« Je pense que les Dieppois n'ont pas voulu faire le déplacement pour les sélections au tournoi final "Main Event" organisées à Divonne, Nice, Aix-en-Provence... Ils s'inscriront sans doute à celui de Forges-les-Eaux prévu le 28 juin. Ceci dit, je suis déçu. Dieppe est une ville compliquée », se désole Gérald Hamo, directeur du casino dieppois.
Chaque joueur devait payer 125 € pour participer au tournoi satellite. S'il gagnait, 1200 € lui étaient remis pour participer à l'un des cinq tournois super satellite. La finale aura lieu à Cannes du 5 au 7 septembre. Le gagnant empochera 2M€.


Profil de joueur
Jeunes
« Les participants sont essentiellement des jeunes qui jouent sur Internet ou organisent des parties chez eux. Ça met de l'animation dans le casino mais ils restent concentrés sur le poker et jouent rarement à la roulette ou au black jack », explique Gerald Hamo. Il faut mettre 50 € sur la table pour jouer.
Hommes
Peu de femmes jouent au poker.
« Une sur trente environ. Aucune habituée. C'est un monde masculin, un peu macho, qui les intimide peut-être », argumente Yohann Peterson, responsable des jeux.


Travaux
Des travaux d'envergure sont à l'étude au casino de Dieppe.
« On veut qu'il y ait une mixité des jeux de table et des machines à sous »
, confie Gérald Hamo. Dans l'actuel Abordage, plus de danses effrénées mais des bandits manchots, roulettes, cartes. Un lounge bar avec piste de danse occuperait la place laissée par les machines à sous. Et au premier étage, banquets, séminaires et thés dansants remplaceraient les tables de poker...


Alexandra Chanjou


(Publié dans Paris-Normandie, ouverture de Dieppe, le 28 mars 2008)

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